vendredi 23 mai 2014

Bamberski, « Juste » ou « voyou aux mains sales » ?

Peut-on se faire justice soi-même quand les autorités ont été défaillantes ? La question a été au cœur des débats aujourd’hui au tribunal correctionnel de Mulhouse, où sont jugés, depuis hier, André Bamberski, 76 ans, et ses comparses pour l’enlèvement, en 2009, de Dieter Krombach, alors recherché par la justice française pour son rôle dans la mort de Kalinka Bamberski.

Non, ont sans surprise répondu les parties civiles, représentant le médecin allemand qui n’a pu se présenter à l’audience pour « raison de santé ». « La presse les a qualifié de ‘Justes’. Quand on est justes on n’a pas les mains sales. Vous avez les mains sales M. Bamberski », a lancé Me Yves Ohayon avant de citer Gandhi : « Œil pour œil et tout le monde devient aveugle ».

« Chers confrères, vous avez peut être le droit pour vous, mais nous avons la morale ! » lui a répondu, avec emphase, Me Civallero, avocat d’Anton K. Le Kosovar de 43 ans, organisateur de l’enlèvement, est la rock star de ce procès. Sa belle gueule de voyou au regard franc a séduit le prétoire. « On est venu torse bombé et tête haute, poursuit son avocat. Il fallait que justice soit faite et Anton a adhéré à cette cause. Il a déchargé Bamberski de ce mal. » Applaudissements.

jeudi 22 mai 2014

A la barre, André Bamberski défend le «combat de sa vie »

Un instant, on l’a cru usé. Epuisé par trente longues années de combat judiciaire. Mais André Bamberski, jugé jusqu’à demain devant le tribunal correctionnel de Mulhouse (Haut-Rhin) pour son rôle dans l’enlèvement de Dieter Krombach, responsable de la mort de sa fille, semble infatigable. L’homme de 76 ans, chemise à carreaux, veste beige, cheveux blancs, prend des notes frénétiquement, réclame la parole, contredit les avocats, sermonne le procureur et précise, encore et toujours, les faits d’un dossier qu’il connait par cœur.

C’est le « combat de sa vie » : trainer en justice l’assassin de sa fille, Kalinka, retrouvé morte un matin d’été 1982 dans la maison de sa mère en Bavière. « Mes problèmes ont commencé en octobre 1982, lorsque j’ai reçu la traduction du rapport d’autopsie, a-t-il raconté cet après-midi. J’ai acquis la certitude que le Dr Krombach avait violée et tué Kalinka. » Suivront des décennies de « dysfonctionnements » et de « bavures » des justices françaises et allemandes. Condamné par contumace à quinze ans de prison en 1995, le médecin continue de couler des jours paisibles en Allemagne. « Les autorités ne faisaient rien » se désole Bamberski qui, lui, embauche des détectives privés, s’entoure d’un réseau d’informateurs qui suivent Krombach à la trace. Jusqu’à ce jour d’octobre 2009 où il apprend un possible exil au Rwanda. « Je me suis dit qu’il fallait faire quelque chose, j’ai paniqué, j’ai perdu la tête. » Il prend alors la décision de « transporter » Krombach en France pour qu’il y soit jugé.

vendredi 2 mai 2014

Le long combat contre le racisme en HLM

Vendredi, le tribunal correctionnel de Nanterre pourrait briser un tabou : la possible condamnation de l’un des plus importants bailleurs sociaux d’Ile-de-France pour discrimination et fichage ethnique. En mars, 50 000 euros avait été requis contre la société Logirep accusé d’avoir refusé un logement à un homme au motif qu’il était noir et d’avoir organisé le «fichage ethnique» de ses locataires.

Les faits remontent à juillet 2005. Frédéric Tieboyou, agent RATP d’origine ivoirienne dépose une demande de logement à la Logirep, qui gère 36 000 logements. La commission d’attribution refuse son dossier, en lui notifiant par courrier le motif: «mixité sociale». Frédéric Tieboyou appelle alors la conseillère qui suit son dossier. Lorsque la mère du jeune homme voit la tournure que prend la conversation, elle saisit son dictaphone. Voici un extrait de cet enregistrement que nous avons pu écouter :