lundi 15 septembre 2014

Au procès Xynthia, « il y aura des moments éprouvants, chacun doit s’y préparer »

La scène, impressionnante, est à l’image de ce procès extraordinaire : René Maratier, 62 ans, garagiste retraité, se tient, seul, moustache et costume noir, devant la barre du tribunal correctionnel des Sables d’Olonne (Vendée). Derrière lui, une immense salle de 700 personnes - dont 123 parties civiles - le regarde dans un silence pesant. Quatre ans et demi après le passage de la tempête Xynthia, qui fit 29 morts dans la petite commune de la Faute-sur-mer, en Vendée, le 28 février 2010, son ancien maire comparait pour homicides involontaires et mise en danger d’autrui. Il risque cinq ans de prison.

« Monsieur René Marratier, commence le président du tribunal Pascal Almy, il vous est reproché d’avoir involontairement causé la mort de… », avant d’égrener pendant de longues minutes les noms et dates de naissance des vingt-neuf victimes. Tous sont morts noyés dans une eau glacée. Le plus âgé avait 87 ans, le plus jeune, deux ans et demi. L’ambiance est posée dans le tribunal : ce procès sera extrêmement chargé en émotions. Celle de ces parties civiles qui attendent, « sereinement et dans la dignité», d’après leur avocate Corinne Lepage, que justice leur soit rendue. « Il y aura des moments difficiles, chacun doit s’y préparer », prévient le président du tribunal, qui bénéficiera avec les autres magistrats, d’un soutien psychologique.

Pour accueillir les rescapés, les proches des victimes et le public, le tribunal des Sables d’Olonne s’est délocalisé dans le palais des congrès de la station balnéaire. Les magistrats siègent sur scène, loin du public, micros et écrans géants permettant à la foule venue nombreuse de suivre les débats. « Le caractère inhabituel de cette audience ne peut échapper à personne, précise, solennel, le président Almy. C’est un lieu exceptionnel à la hauteur de l’importance de cette affaire. »

Cinq prévenus doivent être jugés pendant cinq semaines. Outre l’ancien maire René Marratier, comparaissent son ancienne première adjointe, Françoise Babin, le fils de celle-ci, agent immobilier, un promoteur immobilier et un fonctionnaire départemental. Aux quatre premiers, il est reproché d’avoir autorisé des constructions dans une zone inondable et de ne pas avoir prévenu les habitants du danger de la tempête qui s’annonçait. Le dernier est accusé de ne pas avoir insisté auprès du maire de la Faute pour qu’il surveille la digue Est, qui fut submergée par les flots le soir de la tempête.

Mardi matin, le tribunal visionnera une vidéo issue des expertises techniques. L’audition des parties civiles, prévue pour durer six jours, devrait débuter mercredi.

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