vendredi 20 mars 2015

L’avocat des policiers : « Oui, Zyed et Bouna sont morts pour rien »

Jusqu’au bout, les familles de Bouna Traoré et Zyed Benna auront été exemplaires. Une retenue dans la colère et une dignité dans la douleur qui forcent l’admiration. Elles avaient pourtant de quoi exploser ce matin lors des plaidoiries de la défense – auxquelles elles avaient tenu à assister par « respect pour le tribunal ».

jeudi 19 mars 2015

Pour Zyed et Bouna, « les familles ne réclament pas vengeance, mais simplement justice »

Alors que la partie semblait jouée depuis le début des audiences devant le tribunal correctionnel de Rennes, tout a basculé ce matin. Pendant plus de trois heures, les deux avocats des parties civiles ont livré des plaidoiries brillantes et convaincantes qui pourraient ébranler le tribunal. Comme l’a rappelé Me Jean-Pierre Mignard, Aragon ne disait-il pas « le miracle se peut. Où les larmes du peuple tombent » ?

Au procès Zyed et Bouna, les policiers, les jeunes et le danger

Après trois jours d’audience devant le tribunal correctionnel de Rennes, on en sait un peu plus sur ce qu’il s’est passé le 27 octobre 2005 à Clichy-sous-bois (Seine-Saint-Denis) en fin d’après-midi. Dix ans après le drame, l’enjeu n’est plus de prouver le mensonge d’Etat (1) - c’est fait depuis longtemps - mais de définir les responsabilités pénales des deux policiers jugés jusqu’à vendredi pour non assistance à personne en danger. Les deux fonctionnaires avaient-ils conscience du danger encouru par les trois ados ? A la barre, ils jurent que non, se montrant tour à tour arrogants, agacés ou démunis. Problème : des zones d’ombre persistent dans lesquelles le tribunal devra trancher pour juger

« A chaque fois que vous voyez un policier vous courez ? Oui »

Une démesure de moyens policiers pour courser des gamins innocents apeurés. C’est sans doute ce que l’on retiendra de l’intervention des forces de l’ordre le 27 octobre 2005 à Clichy-sous-bois. Quatorze fonctionnaires de police (en civil et en uniforme), cinq voitures (banalisées et sérigraphiées), à la poursuite de dix ados de quatorze à dix-sept ans soupçonnés (à tort) de s’être introduit sur un chantier. Bilan : deux morts.

mardi 17 mars 2015

A 18h56, le 27 octobre 2005 : « Des enfants auraient été électrocutés sur le site EDF »

Durant quarante-cinq minutes ce matin, le tribunal correctionnel de Rennes s’est transporté à Clichy-sous-Bois, au soir du 27 octobre 2005. En fin d’après-midi, une course-poursuite entre neuf jeunes Clichois et quatorze fonctionnaires de police s’est terminée en drame. A 18h11, Zyed Benna, dix-sept ans, et Bouna Traoré, quinze ans, meurent foudroyés dans un site EDF en tentant de fuir les forces de l’ordre. La ville est plongée dans le noir pendant 24 secondes, mais personne ne sait encore pourquoi.

A 18h56, une équipe de l’unité de police de proximité (UPP) de Livry-Gargan - la même qui avait poursuivi les jeunes une heure et demie plus tôt - croise les pompiers aux abords du site EDF. Son chef de bord, Sébastien Gaillemin, aujourd’hui sur le banc des prévenus, contacte par radio le centre d’informations et de contrôle du 93 (CIS 93), basé à Bobigny. Commence alors un échange de plus de deux heures entre l’îlotier et sa hiérarchie (dans lequel se greffe parfois d’autres policiers). Il a été intégralement écouté à l’audience.

Zyed et Bouna, gamins « normaux » de Clichy-sous-bois

Soudain, le sourire de Bouna envahit le tribunal correctionnel de Rennes. C’est comme s’il était là, dans cette salle d’audience minuscule où parties civiles et prévenus se retrouvent dans un mouchoir de poche. Ces fossettes que l’on a vues pendant dix ans sur les affiches dans toutes les manifestations qui réclamaient justice sont désormais évoquées officiellement dans une enceinte judiciaire. Dix ans après les faits, la justice se penche enfin sur la mort de Zyed Benna et Bouna Traoré, deux adolescents de Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) morts électrocutés dans un transformateur EDF après une course-poursuite avec la police. Leurs morts avaient provoqué trois semaines de révoltes sans précédent. Deux fonctionnaires de police sont jugés jusqu’à vendredi pour non assistance à personne en danger.