lundi 25 janvier 2016

Le policier acquitté du meurtre d’Amine Bentounsi sera rejugé

Damien Saboundjian, gardien de la paix de 36 ans, qui avait abattu Amine Bentounsi d’une balle dans le dos, comparaîtra en appel devant une cour d’assises. Ainsi en a décidé, vendredi dernier, le parquet général de Paris qui a relevé appel de l’acquittement du policier, prononcé il y a dix jours, par la cour d’assises de la Seine-Saint-Denis. Une décision rarissime.

Dans un procès très politique, en plein débat sur l’opportunité d’assouplir la légitime défense pour les policiers confrontés à la menace terroriste, le parquet général prend des pincettes pour expliquer sa décision. « Sans méconnaître les difficultés et les risques auxquels sont confrontées les forces de police dans l’exercice de leur mission », explique la procureure générale, elle juge « nécessaire de faire procéder à un second examen de la procédure par une cour d’assises d’appel, les conditions légales de la légitime défense ne paraissant, en l’espèce, pas démontrées ».

lundi 18 janvier 2016

Légitime défiance à l'égard du verdict de Bobigny

On ne saura jamais ce qu’il s’est passé entre 14 heures et 20h30, vendredi dernier, derrière les murs clos de la salle des délibérés de la cour d’assises de Bobigny. Six heures trente durant lesquelles les six jurés populaires et les trois juges professionnels ont décidé, à la surprise générale, d’acquitter le policier Damien Saboundjian. Une chose est sûre: il fallait une majorité qualifiée de six voix sur neuf pour déclarer le gardien de la paix en état de légitime défense et donc «pénalement irresponsable». Vu la longueur des délibérations, les débats ont dû être animés...
 
A 20h30, l’annonce du verdict par le président de la cour, dans une ambiance extrêmement tendue, a immédiatement déclenché huées, cris et slogans du côté des parties civiles et des collectifs contre les violences policières, venus assister au procès. «La police assassine, la justice acquitte!», scandaient plusieurs dizaines de personnes en direction des nombreuses forces de l’ordre présentes dans la salle d’audience - CRS en tenue et policiers en civil venus soutenir l’accusé. Ce dernier a été immédiatement exfiltré de la salle d’audience.

samedi 16 janvier 2016

A la Cour d'assises de Bobigny, le verdict de la discorde


Les quatre « Oui » ont claqué dans la salle d'audience mais, à part quelques journalistes, personne n'a encore compris l'ampleur de cette quadruple affirmation. Il est 20h30 ce soir et, après cinq jours d'audience et six heures trente de délibéré, la Cour d'assises de Bobigny vient, contre toute attente, d'acquitter le gardien de la paix Damien Saboundjian, accusé d'avoir abattu Amine Bentounsi d'une balle dans le dos, lui concédant la légitime défense.

vendredi 15 janvier 2016

La complainte du policier jugé

Damien Saboundjian pleure comme un enfant. Des gros sanglots qui secouent son corps de colosse - 1,90m pour plus de 100 kg. Depuis l'ouverture de son procès pour violences volontaires lundi devant la cour d'assises de Bobigny (Seine-Saint-Denis), le gardien de la paix a craqué à de nombreuses reprises. D'abord silencieusement, au premier jour, lorsque les jurés ont prêté serment. Puis très bruyamment, mercredi et jeudi, poussant des cris aigus, visiblement incapable d'arrêter ses sanglots.

Si l'on en parle de façon aussi clinique, c'est que Damien Saboundjian n'est pas touchant. Ce père de famille de 36 ans ne semble capable que d'une seule émotion : s’apitoyer sur lui-même. « Il n'y a qu'une personne qui a failli mourir, c'est moi", a t-il osé hier, alors qu'il est jugé pour avoir tué Amine Bentounsi, un braqueur en cavale de 28 ans, d'une balle dans le dos. Il dit aussi : « J'ai un casier judiciaire vierge, j'ai toujours travaillé et je me retrouve devant une Cour d'assises parce que j'ai fait mon travail ». « Il souffre d'en être là, confirme à la barre Frantz Prosper, expert psychiatre. Un acte pareil vous fait changer de rail, vous n'êtes plus le même. Il dit 'je n'en dors pas'. On s'attend à ce qu'il dise 'Parce que j'ai tué quelqu'un'. Mais non, il dit : 'Parce que j'ai failli mourir'. »

jeudi 14 janvier 2016

Quand le préfet de Seine-Saint-Denis faisait pression sur l'Inspection générale des services

L'anecdote aurait pu passer inaperçue hier devant la Cour d'assises de Bobigny (Seine-Saint-Denis). Interrogé sur sa version des faits, le policier jugé pour avoir tué Amine Bentounsi d'une balle dans le dos a raconté comment le préfet du 93, Christian Lambert, lui avait promis de faire pression sur l'inspection générale des services (IGS, la police des polices). Quelques jours après les faits, le préfet avait convoqué Damien Saboundjian pour lui apporter son "soutien" : 
"Il m'a demandé ´la garde à vue s'est bien passée ?´ J'ai dit non, je suis quand même un être humain qu'il faut respecter, j'ai été traité comme un chien. Il m'a dit ´Donne-moi son nom, je m'en charge'".
Une anecdote édifiante qui en dit long sur les pratiques policières sous l'ère Sarkozy. La mise en examen de Damien Saboundjian pour homicide involontaire quelques jours plus tard avait déclenché des rassemblements de policiers à quelques jours de l'élection présidentielle.

«Vous préfériez aider un collègue plutôt qu’aider la vérité ? Oui »

C’est un procès exceptionnel qui se tient depuis lundi devant la Cour d’assises de Bobigny (Seine-Saint-Denis). Exceptionnel, parce qu’il aurait pu ne pas se tenir. Depuis le 21 avril 2012, un peu après 20h30, moment où le gardien de la paix Damien Saboundjian abat Amine Bentounsi d’une balle dans le dos, ses collègues policiers n’ont cessé de tout mettre tout en œuvre pour qu’il ne comparaisse pas devant la justice. Ces mensonges, pressions et autres manœuvres dilatoires, exposées à l’audience, en disent long sur le sentiment d’impunité d’une profession.

Si Damien Saboundjian est aujourd’hui sur le banc des accusés, c’est grâce à une enquête minutieuse de l’Inspection général des services (IGS, police des polices) : 42 fonctionnaires de police auditionnés, reconstitution, enquêtes de voisinage permettant de trouver de nouveaux témoins, expertises scientifiques, écoutes, etc. Une enquête d’autant plus exemplaire que les pressions sont nombreuses. A la barre, un commandant de l’IGS raconte ce «contexte particulier» : manifestations de policiers contre la mise en examen de leur collègue, récupération politique du président candidat Nicolas Sarkozy et des syndicats policiers décidés à «faire gicler» le lieutenant de l’IGS chargé de l’enquête. «Le lieutenant va manger», affirme sa responsable syndicale à Damien Saboundjian au téléphone, alors que ce dernier est sur écoute.

mercredi 13 janvier 2016

La thèse de la légitime défense démentie par les témoins

Deux témoins ont formellement démenti cet après-midi, devant la Cour d'assises de Bobigny, les déclarations du gardien de la paix Damien Saboundjian sur la légitime défense. Le premier, un homme de 57 ans, affirme qu'Amine Bentounsi ne s'est jamais retourné pour menacer le gardien de la paix. "A aucun moment, je suis formel" a-t-il dit à la barre, avant de reconnaître, sur les questions de l'avocat de la défense, qu'il avait perdu le fuyard de vue au moment précis des coups de feu. La deuxième, une élève avocate de 24 ans, a, elle, justement vu le fuyard tomber au moment où une balle l'atteignait dans le dos. "Il n'était pas retourné, a t-elle assuré, il était de dos et est tombé face contre terre." Le gardien de la paix doit être entendu demain matin sur sa version des faits.

mardi 12 janvier 2016

Délit de faciès en plein procès du policier accusé de la mort d’Amine Bentounsi

Un incident a émaillé lundi matin le procès du policier Damien Saboundjian, jugé jusque vendredi devant la Cour d’assises de Bobigny (Seine Saint Denis) pour avoir abattu, en 2012, Amine Bentounsi d’une balle dans le dos. Dans cette ambiance assez tendue entre la famille de la victime et les forces de l’ordre venus soutenir leur confrère, un policier n’a rien trouvé de mieux que de procéder à un contrôle au faciès au sein même de la salle d’audience…

lundi 11 janvier 2016

« J’aimais beaucoup l’uniforme »


Son corps massif s’affaisse parfois sur le banc des accusés, secoué par les sanglots. Damien Saboundjian, policier de 36 ans, comparaît jusqu’à vendredi devant la Cour d’assises de Bobigny (Seine Saint Denis) pour“violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention dela donner”. Il risque jusqu’à vingt ans de prison.

Avant d’étudier précisément les faits, la Cour s’est penchée aujourd'hui sur la personnalité de l’accusé. D’origine arménienne, Damien Saboundjian a grandi à Grenoble où il suit des études de pâtisserie. Il arrête après avoir échoué à l’examen “chocolaterie”. “Comment êtes-vous passé de la pâtisserie à la police ?”, lui demande le président de la Cour, Jean-Marc Heller. “J’avais fait pâtissier parce que je suis gourmand, mais depuis 15, 16 ans, j’aimais beaucoup l’uniforme. Je voulais être utile à la société, aider les citoyens.”
 

dimanche 10 janvier 2016

Difficile procès d’un policier aux assises

Bavure ou légitime défense ? La cour d’assises de Bobigny a cinq jours pour décider si, oui ou non, le gardien de la paix Damien Saboundjian s’est uniquement protégé lorsque, un soir d’avril 2012, il a abattu un homme de 28 ans d’une balle dans le dos. Ce policier de 35 ans, qui risque vingt ans de prison, clame depuis quatre ans qu’il s’est simplement défendu contre un dangereux criminel armé. Le magistrat instructeur décrit, au contraire, un cow-boy prêt à tout pour réussir l’interpellation d’un gros gibier. Entre les deux versions, une «vérité judiciaire» émergera-t-elle des audiences prévues jusqu’à vendredi ? Elles se tiendront, en tout cas, dans un contexte très tendu, alors même que la loi antiterroriste, dévoilée cette semaine, prévoit d’assouplir les règles d’engagement armé des policiers.

Les faits remontent au samedi 21 avril 2012. Il est 20h30 lorsque la salle de commandement de la Direction territoriale de sécurité de la Seine-Saint-Denis reçoit un appel anonyme, passé depuis une cabine téléphonique vers le 17. Amine Bentounsi, un braqueur multirécidiviste de 28 ans, en cavale depuis deux ans, a été aperçu devant un bar à Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis). Une voiture de police, en patrouille dans la ville, se rend sur place.

dimanche 3 janvier 2016

Dynastie Wildenstein : amour, gloire et fraude fiscale

3 octobre 2001. Daniel Wildenstein, richissime marchand d'art de 84 ans, tombe dans le coma. Il mourra dix jours plus tard dans une clinique privée parisienne. Dix jours durant lesquels sa descendance s'organise : entre le 16 et le 23 octobre, la famille exfiltre des États-Unis vers la Suisse l'équivalent de 184 millions de dollars en tableaux – des Caravage, Courbet, Picasso et surtout des Bonnard, dont, par un subtil coup de génie, le patriarche avait hérité 180 tableaux. L'évasion fiscale du siècle est en marche : tableaux de maîtres, hôtels particuliers, galeries d'art... Des milliards d'euros planqués dans des paradis fiscaux pour échapper aux droits de succession. Rattrapés depuis, les Wildenstein ont essuyé en 2012 un redressement fiscal record, après négociations, de 550 millions d'euros.

Au tour de la justice de se saisir de ce dossier : une partie des héritiers Wildenstein comparaissent jusqu'à la fin du mois devant le tribunal correctionnel de Paris pour fraude fiscale massive et blanchiment. Plus habitués aux unes des tabloïds américains qu'au banc des prévenus, le procès de la célèbre dynastie devrait faire grand bruit. D'autant que le principal prévenu, Guy Wildenstein, 70 ans, fils de Daniel, est un membre fondateur de l'UMP, proche de Nicolas Sarkozy, qui l'a personnellement décoré de la légion d'honneur en 2009.