mercredi 10 août 2016

A Marseille, 29 minutes de procès et au trou !



Vingt-neuf minutes : c’est le temps moyen consacré par la 11e chambre du tribunal de grande instance de Marseille à chaque audience de comparution immédiate. Dix-sept minutes pour la présentation de l’affaire, les témoins et la plaidoirie de la partie civile, six minutes pour le réquisitoire du parquet et autant pour la plaidoirie de l’avocat.

Pour étudier cette justice expéditive, l’observatoire régional de la délinquance a, au contraire, choisi de prendre son temps : de février à juin 2015, une équipe composée de chercheurs de l’université d’Aix-Marseille, de membres de la Ligue des droits de l’homme, d’observateurs citoyens et d’étudiants en droit s’est relayée chaque jour à partir de 14 heures et jusqu’à la fin du rôle. Au total, plus de 500 affaires sont ainsi entrées dans les grilles d’observation déjà utilisées pour des études similaires à Toulouse, Nice et Paris.

lundi 8 août 2016

« Et qu’on ne vous revoie pas dans un tribunal ! »

Si, en été, les tribunaux réduisent la voilure, ils doivent malgré tout assurer la continuité du service public de la justice. Immersion à la 17e chambre du tribunal de grande instance de Bobigny (Seine-Saint-Denis), où les comparutions immédiates continuent… Bon gré, mal gré.

Salim (1) a un tic, il se caresse frénétiquement le menton – qu’il a plutôt glabre pour un jeune homme de 22 ans. Au milieu des gendarmes, dans le box des prévenus de la 17e chambre du tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis), il ne passe pas inaperçu : Salim a revêtu une veste de jogging rose fluo, veste qui, on le verra plus tard, causa sa perte. Pour l’instant, ses yeux scrutent, éperdus, la salle d’audience à moitié vide. Son casier est vierge, il comparaît devant un juge pour la première fois.

C’est une habitante de Tremblay qui a donné l’alarme deux jours plus tôt. Alors qu’elle se promenait au petit matin dans les rues de la ville, elle a vu « trois individus » sortir d’un pavillon, les bras chargés, puis monter dans une voiture dont elle a eu la présence d’esprit de noter le numéro de plaque. Aux policiers, elle décrit « un individu portant une veste de couleur rose avec des manches noires ». Et voilà notre apprenti cambrioleur interpellé devant chez lui une heure et demie plus tard, le capot de sa voiture encore chaud. À ­l’intérieur : deux écrans plats, une console de PlayStation 4, deux téléphones portables, des vêtements et un grand tournevis…