mercredi 3 mai 2017

Les paparazzis et les seins de la duchesse

Hier après-midi, au palais de justice de Nanterre, les paparazzis n'avaient rien à se mettre sous le flash. Sans surprise, les deux altesses royales parties civiles, héritiers du trône d'Angleterre, n'avaient pas fait le déplacement dans les Hauts-de-Seine où six personnes étaient poursuivies pour avoir pris ou utilisé des images d'eux sans leur consentement et dans un lieu privé. Les directeurs de publications de La Provence et de Closer n'ayant pas jugé bon, eux non plus, de se déplacer, seuls trois photographes ont répondu aux questions du tribunal.

La première, photographe au quotidien régional La Provence, est poursuivie pour avoir pris, le 5 septembre 2012, des photos du couple princier en maillot de bain sur la terrasse du château d'Autet, propriété du neveu de la reine Elizabeth II dans le Lubéron, où le couple tout juste marié séjournait quelques jours. « Je ne me suis pas rendue compte que ça pouvait leur nuire », dit-elle à la barre. Une semaine plus tard, le magasine Closer publie quatorze photographies prises le même jour que celles de La Provence, « qui montrent la vie du couple princier », détaille pudiquement la présidente du tribunal. En réalité, sous le titre « oh my god », « sex and sun en provence », on y voit des photos de la duchesse de Cambridge seins nus assorties de ce type de commentaires : « Si à l'époque des luttes féministes, les militantes brûlaient leurs soutien-gorge, Kate s'abstient de porter le sien » ou encore « Les Français ont le buste de Marianne, les Anglais ont maintenant celui de Kate ».

Le couple princier porte plainte, une information judiciaire est ouverte. Pour palier ce qui a quasiment pris des allures d'incident diplomatique, les enquêteurs mettent le paquet : deux professionnels ayant séjourné dans un hôtel de la région sont retrouvés, leurs téléphones détaillés et leur comptes bancaires réquisitionnés. Or, leurs revenus ont « considérablement augmenté » au moment des faits et leurs téléphones bornent près du château d'Autet.

A la barre pourtant, les deux paparazzis nient fermement avoir pris ces photos. Ils ont, assurent-ils, cherché en vain le lieu de villégiature pendant plusieurs jours, écumant le Lubéron. « On sortait de notre saison à Saint-Tropez où on avait travaillé pendant deux mois, explique le plus jeune, 32 ans dont dix de métier. On s'appelle parfois 50 fois par jour pour savoir où sont les stars ». Lui « fait les hôtels à Paris » où les « stars américaines descendent pour faire le promo de leur film ». Tous deux travaillent pour une agence qui leur verse 32% du prix de la photo, le plus âgé gagne entre 5000 et 8000 euros par mois, le plus jeune entre 4000 et 7000.

Le procureur requiert des peines d'amendes « très significatives ». Dans un texte lu au tribunal par son avocat Jean Veil, le prince William explique que ces faits sont pour lui « particulièrement douloureux parce qu'ils (lui) rappellent ceux qui ont conduit à la mort de (sa) mère, Diana ». Le duc et la duchesse de Cambridge réclament 1,5 millions d'euros de dommages et intérêts. Les avocats de la défense dénoncent une « enquête lacunaire et parcellaire » qui a mobilisé des enquêteurs pendant des mois pour « une princesse photographiée seins nus en vacances ». « Ils utilisent leur vie privée à des fins commerciales et politiques », plaide l'avocat de Closer pour qui il n'y avait « rien de dénigrant dans ces images d'un couple moderne ». La décision a été mise en délibéré au 4 juillet.

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