vendredi 22 septembre 2017

Contre-enquête au procès du quai de Valmy

«Je me suis permis de faire le travail des enquêteurs… » Durant deux heures, jeudi après-midi, l’avocat Arié Alimi a méthodiquement décortiqué toutes les preuves retenues par les enquêteurs contre Antonin Bernanos, jeune étudiant jugé depuis mercredi avec huit autres personnes pour l’attaque de la voiture de police brûlée quai de Valmy. Poursuivi pour violences aggravées, il encourt une peine de dix ans d’emprisonnement. 

Il y a d’abord ce fameux « témoin anonyme » qui déclenche l’affaire en dénonçant Antonin Bernanos, son frère Angel et un ami, Bryan M., comme faisant partie des agresseurs. Ce témoin s’avérera être un policier de la direction des renseignements de la préfecture de police (DRPP). Or, explique son avocat, Antonin Bernanos fait l’objet, depuis plusieurs années, d’un acharnement de la préfecture : douze poursuites sur la base d’un renseignement de la DRPP, ayant quasiment toutes débouché sur un classement sans suite ou une relaxe (une condamnation à son casier). « Cela vous fait quoi d’avoir la préfecture sur le dos ? » lui demande Me Alimi. « Jusqu’ici, ça ne me posait pas de problème, mais après avoir passé dix mois en détention provisoire, ça devient problématique », répond Antonin Bernanos.
 
Il y a ensuite les éléments retenus contre Antonin Bernanos. « Un cumul de détails qui fera peut-être une preuve pour le tribunal », tente le procureur. En premier lieu, la couleur de son caleçon, similaire d’après l’accusation à celui porté par l’agresseur. « Prune violet ou rose-mauve, (…) on est dans la même gamme de couleurs », glisse le représentant du ministère public, qui peine à s’exprimer au milieu des rires du public. Sortant de grandes planches en carton, sur lesquelles il a collé des photos de la manifestation, Arié Alimi montre une dizaine de manifestants ce jour du 18 mai 2016 qui correspondent au « profil de l’agresseur » : baskets noires avec languettes blanches, jean bleu clair, blouson noir, sac à dos, objets dans les poches correspondant à un téléphone portable, bagues… Depuis le premier jour, Antonin Bernanos nie les faits : « J’ai participé à cette manifestation, mais je n’ai commis aucune violence », répète-t-il. Au moment de l’attaque de la voiture de police, il était « à l’avant du cortège, beaucoup plus loin quai de Valmy ».
 
Le procès doit se finir vendredi avec les réquisitions du ministère public et les plaidoiries des avocats. Le délibéré sera rendu vendredi 29 septembre.

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