jeudi 12 octobre 2017

Lourdes condamnations au procès du quai de Valmy

Comme depuis le début de ce procès, c’est dans une ambiance extrêmement tendue que le tribunal correctionnel de Paris a rendu, hier matin, son délibéré dans l’affaire dite du quai de Valmy. Un dispositif rarissime de sécurité avait été mis en place devant la 16e chambre avec des dizaines de gendarmes et une foule bloquée derrière des barrières de sécurité.

Moins sévères que les réquisitions, les peines prononcées hier restent extrêmement lourdes : sept personnes ont été condamnées à des peines allant jusqu’à sept ans de prison ferme. Antonin Bernanos a écopé de cinq ans de prison, dont trois ferme. L’étudiant en sociologie de 23 ans a déjà effectué dix mois de détention provisoire. Le mandat de dépôt requis par le tribunal n’a pas été prononcé à l’audience, Antonin Bernanos est donc ressorti libre. Avec les réductions et aménagements de peine, « il est possible qu’il ne retourne pas en prison », estime son avocat Arié Alimi. Le jeune militant ne devrait pas faire appel de cette décision. « Antonin Bernanos contestera toujours les faits, explique son avocat. Mais il ne faut pas risquer d’aggraver la peine et on doit prendre en compte le sort des autres personnes. » Or, un appel suspendrait d’office tous les aménagements de peine, selon l’avocat.

mardi 3 octobre 2017

Abdelkader Merah, entre silences et violences

Est-ce de la maladresse ou un stratagème ? Devant la cour d'assises spécialement composée qui le juge depuis lundi pour complicité des crimes de son frère, Abdelkader Merah esquive les questions qui fâchent avec une impressionnante maîtrise de lui-même. L'homme de 35 ans, tout de blanc vêtu, barbe fournie et cheveux longs attachés, est aidé en cela par l'organisation du président de la cour qui a séparé l'examen de sa personnalité et celui des « questions religieuses ». Au grand dam de l'avocat de l'accusé, Eric Dupond-Moretti, qui peste : « On fait de la religion un élément à charge ! ». Mais Abdelkader Merah s'adapte, lui, parfaitement aux circonstances. A une avocate qui lui demande s'il se sent concerné par les lois de la République ou s'il refuse, comme il l'a dit lors de l'instruction, « la justice des hommes », il lance un : « Ce sont des questions religieuses que nous verrons plus tard ». Parfois à la limite de l'arrogance, il surfe en permanence sur l’ambiguïté. Aux questions insistantes des parties civiles, il finit par lâcher : « J'aimerai mon petit frère toute ma vie, mais bien sûr je condamne les actes qu'il a commis ». Mais lorsqu'un avocat lui demande s'il s'est réjouit des attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis, il invoque son droit au silence

« Les faits que nous jugeons sont terribles »

Ils sont deux hommes, perdus dans un immense box, perdus dans un immense procès. Hier matin, à 10 h 34, le président de la cour d’assises spécialement composée de Paris somme les gardes de faire entrer les accusés. Il y a foule dans la salle d’audience divisée en deux : à droite, les bancs réservés à la presse (près de 150 journalistes accrédités) ; à gauche, ceux des parties civiles (232 constituées avant les débats). Abdelakader Merah, 35 ans, et Fettah Malki, 34 ans, pénètrent dans le vaste box des accusés entouré de verre, couvert de grillage et au-dessus duquel se déploie une large fresque représentant le couronnement de Louis XIII enfant.